Ma presque sœur,
Beaucoup de temps et de douleur,
Il en faut pour sécher tes pleurs.
Une enfance à mère à tes pas,
Fiel qui ne se résigne pas.
Pages noircies tournées, hélas,
Sans en avoir blanchi les traces
Amère éprise par son mal,
À l’enfant, la haine s’installe.
Ô ! Cœur vidé de chair en chair
Par l’être premier qui t’es cher,
Violence à l’école des chaînes
Nos différences nous malmènent.
Petite, j’ai tendu ma main,
Nous avons fait notre chemin,
De presque amies à presque sœurs,
Un peu de baume et de chaleur.
Mais toujours l’aura ténébreuse
De l’Ethylique Vénéneuse
De coups au corps, de plaies à l’âme
De bouteilles vidées, de blâmes…
Fuir au plus vite ce démon,
Déjà enchaînée par le fond,
Couper au plus court tes racines
Te déloger de ses épines…
En hâte, enfin, désavouée,
Laisser l’enfant morte au passé.
Livrer bataille aux souvenirs
Mépriser pour ne plus subir…
De ton cocon de fleur à femme,
Bien des lacunes qui m’entament,
De bien trop nombreuses années
Que nous ne saurons recouvrer…
De fuite en avant façonnant
Ton mur, peur à peur, imbriquant,
Tu ériges ta tour de glace
Autour de ton si peu d’espace…
Blessure ancrée, ta solitude,
D’où plus nulle peur ne s’élude,
L’espoir a goût d’un Nirvana,
L’échec : un gouffre sous tes pas.
Fais face et remise à nouveau,
À ta douleur, autant de beau,
Laisse sa chance à l’incertain…
Ne les condamne pas en vain.
Toujours, tu le sais aujourd’hui,
La presque sœur chère à ma vie,
Si certains de ces mots t’affligent,
C’est mon amour qui les inflige.
Storm